Naissance de l’ANDDE - Association Nationale du Don d’Engendrement

Interview du Pr. Mikaël Agopiantz, Président de l’ANDDE
Chef de Service de Médecine de la Fertilité et Coordinateur du Centre d’AMP au CHRU de Nancy, Secrétaire général adjoint du SYNGOF

L’Association Nationale du Don d’Engendrement (ANDDE) a pour objectif d’être un acteur incontournable dans le domaine de l’AMP avec don.s. La société savante est née d’un constat largement partagé, d’un impérieux besoin de réformer l’organisation de l’ensemble des dons qui permettent d’accéder à la parentalité (spermatozoïdes, ovocytes, embryons…), et ce, tant sur le plan des pratiques, quatre ans après l’ouverture de l’«AMP pour toutes», que sur le plan législatif et réglementaire dans l’optique de l’ouverture prochaine des débats préliminaires à la prochaine révision de la Loi de Bioéthique.

SYNGOF : L’ANDDE tenait récemment sa première Assemblée Générale. Expliquez-nous la genèse de cette société savante ?

Pr Agopiantz : Il existe déjà des sociétés savantes dans le domaine de la fertilité mais il reste des écueils et notamment sur la problématique du don et de son organisation. L’AMP avec don pose en effet un certain nombre de questions d’ordre pratique, différentes et nombreuses. En France, elle ne se passe pas de manière optimale, et ce de manière chronique : les délais sont trop longs, il y a un manque d’ouvertures au niveau réglementaire, les pratiques ne correspondent pas aux standards occidentaux.

Ainsi, les femmes et les couples qui souhaitent bénéficier d’une AMP avec don sont actuellement contraints d’attendre des mois, voire des années, pour bénéficier d’une prise en charge, avec le recours contraint pour certain·e·s à un accompagnement hors de France.
Devant ce constat, l’idée a germé de créer une société savante nationale réunissant les professionnels autour de certaines valeurs et d’un projet sur la thématique du don d’engendrement et de l’AMP avec don.

Pour rompre avec l’inertie globale où les problématiques chroniques ne sont pas analysées et traitées avec la rapidité et l’intensité qu’elles mériteraient, l’ANDDE souhaite agir et porter des mesures législatives fortes et essentielles en faveur des libertés procréatives lors de ses prochaines discussions.

Au centre de ces mesures, nous porterons haut les valeurs de progrès, d’universalisme, remettant le projet parental des personnes et des couples au centre de l’accompagnement médical, et d’inclusivité afin de considérer l’ensemble des Centres AMP publics et privés, ainsi que l’ensemble des publics, célibataires et couples, cis-hétérosexuels et personnes LGBT, refusant tout traitement différencié dans les accompagnements.


SYNGOF : Qui compose l’ANDDE ?

Pr Agopiantz : Nous avons réuni autour du projet une équipe pluridisciplinaire* avec des têtes de pont aux profils divers, parmi lesquelles Thomas Fréour, Professeur de biologie de la reproduction, responsable du centre d’AMP de Nantes, Nathalie Massin, endocrinologue et coordinatrice du centre d’AMP de l’hôpital américain à Neuilly ou encore Olivier Morel, Professeur d’obstétrique, Secrétaire général du CNGOF.

Nous sommes ravis de compter parmi nos fondateurs des personnalités du CNGOF dans la mesure où notre projet se réalise dans le cadre d’une collaboration clinico-biologique.  Nous nous adressons à tous les professionnels de l’AMP avec don, qu’ils travaillent dans des centres autorisés pour le don ou non autorisés, qu’ils soient dans des centres privés ou publics, qu’ils soient biologistes, cliniciens, pharmaciens ou médecins gynécologues ou obstétriciens… Outre ces professionnels, nous avons agrégé dans notre organisation des chercheurs en sciences sociales qui travaillent sur cette thématique et des personnes travaillant au sein d’associations militantes concernées, telles que l’association COLLECTIF BAMP représentée par sa co-fondatrice, Virginie Rio. Nous sommes la première société savante à le faire dans le champ de la fertilité.


SYNGOF : Quels sont vos principaux axes de travail ?

Pr Agopiantz : Les travaux reposent sur un principe : nous souhaitons réviser le modèle du don d’engendrement tel qu’il a été conçu originellement : en France, ce modèle a été calqué sur celui du don du sang. Or, la société a évolué et on comprend bien que l’implication d’un don d’engendrement n’est pas identique à celle du don du sang, tout simplement parce que la finalité du don n’est pas la même : dans le cas du don du sang, il s’agit de soigner, dans le cas du don d’engendrement, il s’agit de créer la vie. On a réduit à la biologie une pratique qui est sociale avant d’être médicale. Notre ambition est aussi d’avancer d’un point de vue philosophique pour faire évoluer les pratiques.

L’ANDDE se veut être une alternative innovante afin d’ouvrir les débats et de permettre enfin à l’AMP et au don en France de rejoindre les standards européens en termes de techniques autorisées et de rapidité de l’accompagnement. 

Parmi les mesures prioritaires que l’association entend défendre, j’en citerai cinq :

  • Lever l’interdiction pour les centres privés lucratifs d’organiser le don : aujourd’hui réservés aux centres publics ou privés non lucratifs, les dons pourraient être élargis afin d’augmenter le nombre de structures habilitées.
  • Mettre en place une indemnisation des donneurs, sur le modèle de la recherche clinique.
  • Faciliter l’importation de gamètespour pallier les pénuries françaises et réduire le recours à l’étranger.
  • Autoriser la ROPA (réception d’ovocytes de la partenaire) : cette technique permet, notamment dans un couple de femmes, que l’une fournisse les ovocytes et l’autre porte la grossesse. Interdit par une décision du Conseil d’État en 2024, elle reste pourtant courante en Europe.
  • Ouvrir la voie à la PMA post-mortem: permettre à une femme de poursuivre son projet parental avec les embryons conçus avec son conjoint décédé, plutôt que d’être contrainte de recommencer un nouveau parcours avec un don de sperme.

Nous allons travailler durant l’automne sur un état des lieux des pratiques et règlementations en matière de don d’engendrement et d’AMP avec don dans une quinzaine de pays marqueurs. Sur la base d’un certain nombre d’items (pratiques, règlementations, publics cibles…), nous réaliserons un benchmark pour voir comment se situe la France. De cette analyse va découler un certain nombre de propositions pour coller à des pratiques et règlementations que l’on considère optimales.


SYNGOF : Comment envisagez-vous de fédérer les professionnels ?

Pr Agopiantz : En premier lieu, nous souhaitons être clair sur les objectifs, les valeurs et la méthodologie : nous portons le message que tout le monde est concerné par l’AMP avec don, qu’on doit remettre le clinico-biologique au centre de l’AMP avec don, avec le retour du gynécologue dans l’organisation du don, et élargir de manière majeure les autorisations pour que les centres d’AMP puissent organiser le don quel que soit leur statut juridique, en dehors de tout monopole de fait.

En second lieu, l’ANDDE entend être un espace de discussions, de propositions et de lobbying dans lequel les professionnels vont pouvoir s’investir, remonter leurs idées afin que l’ANDDE puisse porter la synthèse des propositions émanant des professionnels auprès des institutions publiques.

Enfin, nous souhaitons proposer du soutien direct aux professionnels par du partage d’expérience, la rédaction de recommandations, de fiches pratiques, le partage de ressources documentaires, afin de faciliter la vie des professionnels et de faciliter et accélérer les accompagnements pour obtenir des meilleurs résultats en termes d’obtention de la parentalité et de diminution du délai à la parentalité. Notre objectif est également d’améliorer le vécu des personnes concernées, qu’il s’agisse des personnes qui donnent ou des personnes qui reçoivent, et des personnes nées du don.


SYNGOF : Concernant les institutions, comment envisagez-vous de les sensibiliser ?

Pr Agopiantz : Pour mener un lobbying efficace et porter des mesures législatives fortes, l’ANDDE souhaite se positionner comme une interface forte et pérenne avec les différentes institutions. Nous ciblons l’Agence de biomédecine, le Ministère de la santé, la DGS et son bureau dédié à l’AMP, le comité consultatif national d’éthique, la HAS.

L’ANDDE va initier un premier cycle de discussions bilatérales pour avancer sur un constat en vue d’entamer des discussions futures concrètes.
Parallèlement, nous envisageons une demande d’adhésion au CNP GO GM et la mise en place d’un lien privilégié avec le CNP de Biologie médicale. De même la question se pose de rejoindre à moyen terme la FFER  qui rassemble les différentes sociétés savantes sur le champ de la fertilité en France.


SYNGOF : Quelles sont les prochaines échéances législatives en matière d’AMP ?

Pr Agopiantz
: L’ANDDE souhaite peser fortement dans le cadre des thématiques connexes au don pour la loi de bioéthique et sa prochaine révision. Un nouveau cycle de discussions devrait se tenir à l’automne avec les premières auditions du comité consultatif national d’éthique. Nous aurons des propositions qui feront l’objet d’un livre blanc disponible début 2026.


SYNGOF : Comment rejoindre ou demander conseil à l’ANDDE ?

Pr Agopiantz : Pour toute demande de renseignement, nous invitons les professionnels à nous contacter dans un premier temps par mail : contact@andde.fr Vous pouvez également interagir sur nos réseaux sociaux :

Linkedin : https://www.linkedin.com/company/andde/posts/?feedView=all
Et Instagram : https://www.instagram.com/andde.asso/

Un formulaire d’adhésion en ligne sera disponible sur le site https://andde.fr/ avant la fin de l’année.

* L’équipe dirigeante de l’ANDDE pour les 3 prochaines années sera menée par le Pr. Mikaël Agopiantz, gynécologue coordonnateur du Centre AMP du CHRU de Nancy, le Pr. Thomas Fréour, biologiste responsable du Centre AMP du CHU de Nantes, la Dre. Nathalie Massin, médecin coordinatrice du Centre AMP de l’Hôpital américain de Paris, le Pr. Olivier Morel, Chef de pôle de Gynécologie-Obstétrique au CHRU de Nancy, de 12 Vice-Présidents et d’un Conseil d’Administration de 35 personnes, professionnels de l’AMP, médecins et pharmaciens, biologistes et cliniciens, des secteurs public et privé, auxquels s’adjoignent des universitaires issus des sciences sociales, ainsi que des patients experts.

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